11 septembre

 

11 SEPTEMBRE

 

À huit heures quarante-six et neuf heures trois
C’est du ciel qu’a frappé le malheur ce matin-là
En foudroyant trois mille vies citoyennes
À dix-sept minutes d’intervalle
Ce matin du onze septembre
Alors que le doux Président entouré d’enfants
Dessinait avec eux sur un fond de tableau noir
Les traits d’un monde heureux pastels roses et bleus

Le choc fut terrible ce matin-là
Et sous les décombres gisait
Dans le sang et la fumée et les flammes
La calme et imposante certitude
De la Haute et Internationale Finance
Ce matin du onze septembre
Pearl Harbor au cœur de la Citée
Tout comme la guerre propre du Golfe
En temps réel médiatisée

Tous les aruspices ce matin-là
Prêtres chefs journalistes académiciens
Sur cette brèche du réel largement ouverte
Se penchèrent pour lire horrifiés
Ce matin du onze septembre
L’incommensurable impuissance de leur science
Et ce crime sans signature
Sonnait le hallali d’un Occident terrorisé

L’humiliation fut grande ce matin-là
Mais l’imaginaire cinéphile télévisuel
Mit à l’affiche pour rassurer la masse fidèle
Et riposter sans attendre à l’offense
De ce matin du onze septembre
La geste héroïque d’un suffète au suffrage incertain
Soudain magnifié par la guerre déclarée sainte
Puisque seul le mal s’attaque au bien
Cette guerre sera longue…

Les portes du Grand Soir
Se sont définitivement fermées
Et se débobine
Le merveilleux suspense
Du jugement dernier

La mécanique l’a cédé au circuit
Pour l’accélération du geste devenu simultané
Roland sauvé par l’escadre volante de Charles
Pour avoir troqué
Son oliphant caduque
Contre un élégant et portatif combiné
Les Talibans à fusils
Pulvérisés par la bombe à très haute portée

La belle Hélène toujours pétroleuse
Ne cesse d’agiter ses charmes en pipe-lines convoités
Non la guerre de Troie n’aura pas lieu
La mort ayant été méticuleusement calculée collatérale
Le fougueux Agamemnon n’ayant pas connu
Les affres de l’indécision
Le vent favorable c’est sa fille
Au sommet des deux plus hautes tours immolée
Sa rapide et juste riposte
Sous l’œil de la haute statistique
Devance l’issue de toute résistance
Grâce au stockage de munitions informatisées…

L’Histoire hoquette et s’arrête
Et sous sa poussée centrifuge
Le temps épars entre aujourd’hui et demain
Soumis à Josué le saint prophète
S’emballe et dans sa course se mord la queue
Le Juge Suprême n’a pas a franchir le seuil du prétoire
Les temps sont accomplis
Le paradis c’est l’aujourd’hui mesuré à l’indice boursier

L’Empire comme tous les empires vit son éternité

 

 

Capital

Le bonheur

Publié par Jean Marcoux

Après une carrière comme enseignant au niveau collégial, l’auteur s’est engagé dans une réflexion consignée dans des textes illustrant les « Pliures » de la conscience personnelle : les plis du corps, de l’esprit et de l'âme assurant ses fonctions perceptive, réflexive et affective. « Chronoosmatiques » explore l’évolution de la conscience occidentale qui se serait déployée en développant tour à tour chacune de ces fonctions, établissant respectivement, à chaque étape de son évolution, une relation fusionnelle, rationnelle (dominatrice) puis intrusive avec la nature.

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