NEIGE
Déjà s’ouvrait
À peine
Par où s’insinuer
Doux et chaud
Et
Lourd de quelle attente
L’avril naissant
Que pâle et roide
S’installe livide
L’espace
Qui nous sépare
À se demander…
De quel humus blanc
Se construit le temps
De quel silence
Sur la branche
Se ranime
Ce gel
D’un instant
LENTEMENT DE MA PAUME…
Je nourris ton frisson
Douceur et chaleur
Comme l’air est le ciel
Et l’eau la mer
Parfum et saveur
Algue au goût de sel
Efflorescents effluves de bruyères
Sombre plage et douce pâleur
Où le cœur comme une aile
Palpite comme la mer
L’Éden est tout près
Qui nous fut à jamais interdit
Et soudain la cime
Et non plus le chemin
Non plus l’attente
Dans son accablante malédiction
Non plus l’espérance
Ni la sainte absolution
La main qu’on croyait
Scellée sur son trésor
Éclate en grenade
Déclose et suave
Dégorgeant de larves d’abondance
Et les abandonne toutes
Et sans ménagement
L’instant se meurt
Qui languit de durer tendrement
Et savoure sans limite les délices
De ce long assouvissement
L’ABSENTE
Le vide rappelle le vide
Au cœur de l’absence
Et tout se remplit
De ton ancienne présence
Qui moule en creux
La surface plane du temps
Heures jours semaines
De cet éternel instant
Le même se mêle au même
Jusqu’à son épuisement
Jamais plus
L’événement de ton seul déplacement
Celui de nos jeux et de nos agacements
Et jamais plus
La douce turbulence de nos enlacements
Pourquoi la vigne et l’accrochage acharné
Du pampre au treillis
Pourquoi le cri en touffes de tous ces nids
Dans l’arbre le plus proche
Et le balancement de toutes ses branches
Du grand pin rythmant le silence
Quand y manque la pause
De ta phrase hésitante
Et pourtant
L’ocre du ciel
Sous les vents doux
C’est ta lèvre contre ma joue
Et ton sourire
Qui pour moi éclaire tout
Suavement s’éteint
Avec le jour