L’ATTENTE
Je suis encore
Celui d’avant
Celui de toujours
Celui d’avant
Cette sonnerie que j’attends
Et qui arrêtera le temps
Un instant
Et le précipitera pour toujours
Sans retour
Je suis encore
Celui d’avant
Celui de toujours
Qui boit la vie
Au jour le jour
Que la vie bouscule
Mais ramène toujours
À ses devoirs
À ses amours
Je suis encore
Celui d’avant
Celui de toujours
Intact ou presque
Encore jeune et vigoureux
Quoique ridé
Et parfois courbatu
Je suis encore
Celui d’avant
Celui de toujours
Qui a toujours su
Qui attend depuis toujours
Cet instant
Qui arrêtera le temps
Et le précipitera sans retour
SOUMISSION
Quand je saurai
Que le serpent m’a mordu
Que mes bras n’enserreront qu’un pieux aigu
Quand mes rêves écartelés
Râleront à la roue du temps arrêté
Je me soumettrai
De cire je m’enduirai les oreilles
Et me crèverai les yeux
Les grandes voix se seront tues
Seul sous mes ongles
Un peu de terre humide et noire
Il sera huit heures du soir
Il n’y aura plus de matin
RASSURANTE MORT
Non n’aie pas peur
Ne crains rien
Quand ma bouche
Se posera sur ta bouche
Pour y cueillir ton dernier souffle
Quand mes yeux avides
Avaleront tes yeux
Dans leurs orbites vides
Que la mer lointaine à genoux
Moulera sa plainte
À la conque de ton corps
Que la terre s’écoulera
De tes doigts ouverts
Tel un ultime trésor
Alors pour toujours
Pierre parmi les pierres
Seul comme nous tu reposeras