SIGNATURE
Ce que je suis en écriture
MONSIEUR LE DÉLICAT
AH! AH!
Monsieur le Délicat
Ne mettez pas les petits
Dans les grands plats
Car il se pourrait fort
Que tard venu
Vous vous trouviez seul
À la table
Après le repas
Bien des gens aiment les clowns acrobates
Quand ils ne leur préfèrent pas
Les bouches aux rires gras
Quant aux doctes
Ils se moquent
De ceux qui jouent deux notes
Se croyant de leur cohorte
Tout en ne gardant pas le pas
LE DOUTE
Et soudain
tout est verdoyant
onde verte
au sol
et là-haut
dans le vent
Ce vert oscillant d’ombres
L’ai-je peint
Sur ce bleu de ciel
Pour que sa branche
Simule celle du pin
Toucher
Ne serrait-ce
Du bout du doigt
Cet espace vide
Que tu sens être toi
Marcher
Sans t’arrêter
Comme poussé
Dans un rêve
À marcher pour marcher
Cet oiseau de vent sans ailes
L’ai-je inventé
Au frisson de ma peau
Pour que son chant
Esseulé se mêle à la trille du soleil
REPENTIR
Le vol de la mouche par zigzags
Courbes et ruptures
Dessine à l’aveugle
Le cercle parfait de son enfermement
Tu as trop longtemps cherché l’ailleurs
L’archéologie de la Beauté
Celle de la Peur
Et tout ce qui échappe
À la permanence de la pierre
Tu cherches à l’ombre
Ce que l’on demande
Au soleil à sa chaleur
Un souffle rasant
Qui fasse frémir la chair
Le vol du goéland
Cette aile blanche
Sur la hanche du vent
Son assurance
Son paisible balancement
AUTO-PORTRAIT
Risible vieillard
Triste grime
Qui essuies de tes yeux
La goutte qui pend à ton gland
Te voici nu
Délesté de ton ombre
Et frémissant
Le bras tendu
Tenant dans ta main
Ta tête en lanterne
Diogène décapité
Errant à la recherche
De soi-même
À quoi bon frapper
Aux sept portes du Royaume
Quand derrière elles
Tout se joue
Qu’y coule le népenthès
Et que les Grands y boivent
L’immortelle ciguë
Leur voix te parvient affaiblie
Sans autographe sur un recueil
De dix-sept dollars ou douze euros
Te laissant pantelant et blême
Au pied de l’accablante Énigme
Dans le hoquet de ton seul écho
LE SILENCE
Frappe
Frappe les mots
À l’effigie du Réel
Les tempes du temps
Résonneront en toute mémoire
Que tes os
Docilement alignés
En la terre
Ne légueront plus
À la prunelle du soleil
Que le silence
Cette chair-même
Du poème