Après SAISONS

 

RÉVERSIBILITÉ

 

Au bout de leur longue tige flexible
Le muet balancement de peltes
Lents et verts des nymphéas
Sourd
Du sombre fond des eaux

Toute la clarté du ciel
Sous le canot
Et la montagne et les hauts feuillus
Coulent
Semés de fleurs nacrées

Le huard replie sa tête noire derrière sa gorge blanche
Inquiet
Et de son bec ouvert sa langue vibrante
Lance le cri avertisseur à ses petits qui dociles
Retrouvent
Le flanc de leur mère vigilante

Puis de nouveau sur l’eau
C’est le silence du fond de l’eau
Le moulinet ample des pagayeurs
La brasse de deux nageurs qui au loin lentement
Glissent
Sans bruit, baignés dans la lumière

 

 

SOIRS D’ÉTÉ

 

J’ai
Les soirs d’été
Ma place au balcon crépusculaire
Et coque fragile
Secouée de craquements sinistres
Ma tête se hérisse
Au mouvant roulis de la mer

À larges coups d’éventail mordoré
La Nuit contre moi appuyée
D’un nébuleux battement d’ailes
Me lance en plein visage
Les séducteurs arômes
De son souffle rageur

Une lame de vertige
M’envahit l’âme
Et à la folle envie de l’embrasser
Se joint à mes lèvres
Celle de vomir son âcre noirceur

 

CARTES POSTALES

Saisons

Publié par Jean Marcoux

Après une carrière comme enseignant au niveau collégial, l’auteur s’est engagé dans une réflexion consignée dans des textes illustrant les « Pliures » de la conscience personnelle : les plis du corps, de l’esprit et de l'âme assurant ses fonctions perceptive, réflexive et affective. « Chronoosmatiques » explore l’évolution de la conscience occidentale qui se serait déployée en développant tour à tour chacune de ces fonctions, établissant respectivement, à chaque étape de son évolution, une relation fusionnelle, rationnelle (dominatrice) puis intrusive avec la nature.

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