Étiquette : Intimes

Fins

L’ATTENTE
Je suis encore
Celui d’avant
Celui de toujours
Celui d’avant
Cette sonnerie que j’attends
Et qui arrêtera le temps
Un instant
(…)

SOUMISSION

Quand je saurai
Que le serpent m’a mordu
Que mes bras n’enserreront qu’un pieux aigu
Quand mes rêves écartelés
Râleront à la roue du temps arrêté
Je me soumettrai
(…)

RASSURANTE MORT

Non n’aie pas peur
Ne crains rien
Quand ma bouche
Se posera sur ta bouche
Pour y cueillir ton dernier souffle
Quand mes yeux avides
Avaleront tes yeux
(…)

Échos

PRIÈRE

« Je vous salue Marie »

La truie crucifiée sur son échelle
Échancrée ventre ouvert écartelée
Le sang gicle
La gorge qui gargouille
Et elle qui crie à mort

« Je vous salue Marie »
Et je prie
Et toute la classe prie
(…)

DÉSOLATION

Ce salon n’est plus un salon
Le bel écran de la cheminée
Étouffe de ses cendres
Sa dernière chanson

« À la claire fontaine
M’en allant promener
J’ai trouvé l’eau si belle »
Que je m’y serais noyé 
(…)

NOSTALGIQUE

Comme une lointaine étoile
des milliards de milliards
d’années lumière hors de la carte

Dans un Univers en continuelle expansion
écartelé entre maintenant
et tous ces ailleurs

Comment vous retrouver
chacun de vous tous
(…)

Mémoire

LES ÂGES DE LA VIE

Monsieur et Madame le Notaire Dupuis de mon enfance
Lisant derrière le treillis dans leur jardin
C’est nous aujourd’hui
Où l’œil noir d’un pauvre chien
Bave et souille un coin de terre
Derrière le treillis de notre jardin
(…)

LE SOUVENIR

CE CAILLOU BLANC
QUE L’ON RETROUVE
À LA MORSURE
QU’IL VOUS FAIT
DANS LA CHAIR TENDRE
DE VOS PAS
ET CET AUTRE
ENFOUI
DANS LE DÉSERT DU CŒUR
(…)

Aux parents

AUX PARENTS

TU N’ES PLUS LÀ

L’automne s’éteint aux feuilles éparses de novembre
Quand la mémoire s’attarde et s’égare
Et que la vie est ailleurs
Ne bouge ici que ce que ce souffle
De loin rapporte
Sur ce qui fut joie et douleur

La main tremble et les lèvres s’agitent
Rythmant ce qui remonte du fond du cœur
Une fleur de silence vacille
Aux marécageux sursaut de la démence

(…)

FILIATION

Tu es parti
Sans me quitter
Incessant écho
De ma pensée
Miroir doublant le geste
À quelques pas
De ma réalité
Pour mieux la mesurer

(…)

Corps désirant

NEIGE

Déjà s’ouvrait
À peine
Par où s’insinuer
Doux et chaud
Et
Lourd de quelle attente
L’avril naissant

LENTEMENT DE MA PAUME…

Je nourris ton frisson
Douceur et chaleur
Comme l’air est le ciel
Et l’eau la mer

Parfum et saveur
Algue au goût de sel
Efflorescents effluves de bruyères

Sombre plage et douce pâleur
Où le cœur comme une aile
Palpite comme la mer

L’ABSENTE

Le vide rappelle le vide
Au cœur de l’absence
Et tout se remplit
De ton ancienne présence
Qui moule en creux
La surface plane du temps
Heures jours semaines
De cet éternel instant

Le même se mêle au même
Jusqu’à son épuisement

Bombay

BOMBAY

Tout de nous commence à Bombay

Big Bang de Bombay
De ton sourire
De nos rires
Dans la moiteur grise
Des façades de Bombay

Bombay
Tout aurait pu s’arrêter à Bombay
Mais tout recommence à Bombay

Les trains de jour et de nuit
Les gares bondées
Et les rickshaws de Mysore Madras et Puri
Dessinent des entrelacs lascifs
Aux frises étagées de nos périples