BESTIAIRE
L’ABEILLE
Je suis l’abeille musagète
Qui butine
Ici puis là
S’en revient
Puis s’en va la-bas
S’arrêtant se posant
Mille fois en chemin
Ce que je prends ici a son poids
Et ajoute son quanta
A ce que je tire là
Poudres fines du visible
Que je transmute
Dans la grande ruche d’or
De l’Invisible[*]
LA MANTE RELIGIEUSE
Sous ses airs de sainte nitouche
C’est un monstre vert
Aux yeux pervers
Tout en jambes
En équerre
Dont les mandibules
Dit-on
Bouffent le mari
Pour faire ses rejetons
[*] Rainer Maria Rilke, Lettre à von Hulewicz, 13 novembre 1925, Œuvre 3, trad. Blaise Briod, Philippe Jaccottet et Pierre Klossowski, Paris, Seuil, 1976, p. 590.
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