BESTIAIRE, la suite… et la fin ?

L’ARAIGNÉE

En géomètre appliquée
Savamment contre ciel
Elle reporte en arabesques lumineuses
Ses calculs insidieux

Fil soyeux
Tendu entre ciel et terre
Dont la perpendiculaire
Dessine espoir et chagrin
Entre soirs et matins

Elle secrète
En hypoténuses hyalines
Sa trace dans le ciel
Qu’elle enlace
En fragile et frileuse trame
D’une bien sombre histoire

Et longuement elle épie
Immobile et focale
La mouche les moucherons
Ou le folâtre frelon

Proies frénétiques
Médusées dans les rets concentriques
De ses yeux vénéneux

 

LES VACHES[*]

À Victor Hugo
et consorts

Ô Vaches
Paisibles femelles
Aux mamelles ennuyées et haletantes
Votre œil tourne des rêves de cinq heures
Tandis que les roule votre langue
Qui avec âcreté les pousse
En mousse verte à vos lèvres gluantes

Cinq heures
Savamment une main distraite
Calmant l’impatience
De votre flanc
Change en musique de chaudière
La cuisante chimère
Que vous nourrissiez au champ

Et sous le soleil
Qui comme vous se couche
De votre dos les taches rousses
Se mêlent à vos bouses
Comme elles
Toutes bourdonnantes de mouches

 

[*] Victor Hugo, Les voix intérieure, XV. La vache.

Saisons

L’abeilleLa mente religieuse

Publié par Jean Marcoux

Après une carrière comme enseignant au niveau collégial, l’auteur s’est engagé dans une réflexion consignée dans des textes illustrant les « Pliures » de la conscience personnelle : les plis du corps, de l’esprit et de l'âme assurant ses fonctions perceptive, réflexive et affective. « Chronoosmatiques » explore l’évolution de la conscience occidentale qui se serait déployée en développant tour à tour chacune de ces fonctions, établissant respectivement, à chaque étape de son évolution, une relation fusionnelle, rationnelle (dominatrice) puis intrusive avec la nature.

Laisser un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *