L’ARAIGNÉE
En géomètre appliquée
Savamment contre ciel
Elle reporte en arabesques lumineuses
Ses calculs insidieux
Fil soyeux
Tendu entre ciel et terre
Dont la perpendiculaire
Dessine espoir et chagrin
Entre soirs et matins
Elle secrète
En hypoténuses hyalines
Sa trace dans le ciel
Qu’elle enlace
En fragile et frileuse trame
D’une bien sombre histoire
Et longuement elle épie
Immobile et focale
La mouche les moucherons
Ou le folâtre frelon
Proies frénétiques
Médusées dans les rets concentriques
De ses yeux vénéneux
LES VACHES[*]
À Victor Hugo
et consorts
Ô Vaches
Paisibles femelles
Aux mamelles ennuyées et haletantes
Votre œil tourne des rêves de cinq heures
Tandis que les roule votre langue
Qui avec âcreté les pousse
En mousse verte à vos lèvres gluantes
Cinq heures
Savamment une main distraite
Calmant l’impatience
De votre flanc
Change en musique de chaudière
La cuisante chimère
Que vous nourrissiez au champ
Et sous le soleil
Qui comme vous se couche
De votre dos les taches rousses
Se mêlent à vos bouses
Comme elles
Toutes bourdonnantes de mouches
[*] Victor Hugo, Les voix intérieure, XV. La vache.
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